Leçons à tirer du buisson ardent

Je viens de lire la sourate Ta-Ha, la numéro 20, qui est consacrée en grande partie à l’histoire de Moïse (Moussa en arabe) à partir de l’épisode du buisson ardent. Et en lisant, plusieurs choses m’ont interpellée, qui méritent d’être méditées, je pense. Mais tout d’abord, resituons le contexte et rappelons l’histoire de Moïse avant le buisson ardent.

Moïse avant le buisson ardent

Alors, pour faire simple, parce que je ne suis quand même pas théologienne, Moïse est né en Égypte (je ne peux pas vous dire quand parce que je n’étais pas née ; en tout cas, bien avant Jésus). En Égypte régnait un pharaon cruel qui avait ordonné d’éliminer tous les nouveau-nés mâles. La mère de Moïse, qui craignait pour la vie de son fils, fut divinement inspirée de déposer Moïse dans un panier et de le laisser dériver sur le Nil pour qu’il soit sauvé (eh non, le panier n’a pas coulé puisque c’est Dieu qui a inspiré ce stratagème !). Et voilà comment Moïse se retrouva élevé au palais-même du pharaon qui le recueillit, après s’être laissé convaincre par sa femme (ah, les femmes !) de le garder, alors qu’on venait de le trouver. Quelques années plus tard, Moïse, devenu un grand gaillard, finit par tuer un Égyptien en voulant défendre un Hébreu pris dans une dispute. Donc, déjà là, j’ai une remarque : on ne juge pas les gens. Moïse avait tué un homme. Pourtant il a été choisi pour être prophète ! C’est ainsi que Moïse finit par fuir l’Égypte, craignant d’être condamné à mort, et se retrouva au pays de Madyan où il épousa Sephora (j’abrège) et où il mena une vie de berger. C’est là que commence le récit du buisson ardent.

Le buisson ardent

Sourate Ta-Ha, selon la traduction de Mohammed Chiadmi :

« [9] Es-tu au courant de l’histoire de Moïse [10] qui, ayant aperçu un feu, dit à sa famille : « Restez ici ! J’aperçois au loin un feu. Peut-être vous en rapporterai-je un tison ou trouverai-je, à l’aide de ce feu, quelques indications pour me guider dans ma route ? » [11] Et lorsqu’il s’en approcha, une voix l’interpella : « Ô Moïse ! [12] Je suis ton Seigneur. Ôte tes sandales, car tu es dans la vallée sacrée de Tuwâ ! »

C’est peut-être pour ça qu’on se déchausse en entrant dans une mosquée, car c’est un lieu sacré.

Un outil de communication puissant révélé dans l’épisode du buisson ardent

Puis, dans la suite, j’y vois un outil de communication puissant. La voix qui a interpellé Moïse poursuit :

« [13] Je t’ai élu. Écoute donc ce qui te sera révélé. [14] En vérité, Je suis Dieu. Il n’y a d’autre dieu que Moi ! Adore-Moi donc et accomplis la prière en souvenir de Moi. [15] Certes, l’Heure doit immanquablement arriver, mais Je tiens à en garder le secret, afin que chaque âme soit rétribuée selon ses mérites. [16] Surtout ne t’en laisse pas détourner par celui qui n’y croit pas et s’abandonne à ses passions, car ce serait ta perte assurée ! [17] Quel est cet objet, Moïse, que tu tiens dans ta main droite ? » [18] – « C’est mon bâton, dit-il, sur lequel je m’appuie, avec lequel j’abats du feuillage pour mes moutons, et que j’emploie à d’autres usages encore. » [19] Le Seigneur lui dit alors : « Jette-le, ô Moïse ! » »

Alors là, ce qui m’interpelle c’est la question de Dieu à Moïse. Il lui demande ce qu’il tient dans sa main. Or, c’est Dieu qui pose la question. Le Très-Haut, Celui qui est au-dessus de tout. L’Omniscient, Celui qui sait tout. Donc il sait que c’est son bâton que Moïse tient dans la main. Il sait aussi à quoi il lui sert, comme mentionné dans le verset 59 de la sourate 6 – Les Bestiaux – Al-an’âm :

« car Il détient les clefs du mystère qu’Il est Seul à connaître ; Il sait ce que recèlent le sein de la terre et le fond de la mer. Nulle feuille ne tombe sans qu’Il le sache, et il n’est point de grain dans les entrailles de la terre ni de brindille tendre ou sèche qui ne soient mentionnés dans un Livre explicite ! « 

  Dieu sait tout. Il aurait donc pu lui dire directement : « Jette ton bâton, ô Moïse ! ». Mais non, ce n’est pas comme ça que Dieu a procédé. Et là, j’y vois une grande leçon de communication. Au lieu d’arriver avec nos gros sabots. « Moi, je sais tout. Moi, je connais tout. Fais ceci, fais cela ! ». Eh bien, on se met en position basse en s’intéressant à l’autre, en lui posant des questions, en faisant comme si on ne savait pas, même si on sait. Ça permet à l’autre de se sentir plus en confiance et de favoriser ensuite la coopération.

La clé du succès révélée dans le buisson ardent

Ensuite, j’y vois la clé du succès, un peu plus loin dans le verset 42, toujours dans la sourate Ta-Ha :

« Partez, toi et ton frère, munis de Nos signes ; et ne négligez pas de M’invoquer. »

Ça aussi, ça m’interpelle. Dans le verset 13 Dieu dit à Moïse qu’Il l’a élu. En clair, il lui annonce que c’est un prophète. Dans ce dialogue du buisson ardent, Dieu ordonne donc à Moïse d’aller sauver le peuple d’Israël des mains de Pharaon, avec l’aide de son frère Aaron. Il est élu, il est prophète. Donc, la protection divine lui est garantie. Mais, n’empêche que Dieu lui dit bien de ne pas négliger de L’invoquer. Et là, j’y vois la clé du succès. D’ailleurs, Moïse triomphera de Pharaon lorsque la mer, sur la volonté de Dieu, s’est ouverte et lui a permis de passer à sec avec les Israélites, alors que Pharaon et sa clique ont été engloutis par les eaux. Donc la clé du succès c’est d’invoquer Dieu. Ce qu’on appelle, nous, musulmans, « invocation », c’est le fait de parler directement à Dieu, sans autre protocole. Ce que certains non-musulmans appellent « prière ». Pour nous, la prière, c’est quelque chose de plus complet. C’est une pratique qui mêle notre corps (par des gestuelles précises), notre mental (par la récitation de sourates) et notre âme par la concentration et la dévotion. La prière des musulmans est un alignement du corps, du mental et de l’âme.

Autres exemples où l’invocation a été une garantie de succès

Avant l’épisode de la mer qui s’ouvre (alors, si ça c’est pas avoir du succès ! Je vous mets au défi de reproduire la même chose !), Moïse a invoqué Dieu avec une invocation très célèbre citée dans cette même sourate pour demander à Dieu de l’aider à avoir une bonne élocution face à Pharaon et à bien se faire comprendre alors qu’il avait un défaut de prononciation. D’ailleurs, c’est une invocation récitée par tout orateur avant toute prise de parole encore de nos jours. Donc, des fois on se sent bien guidé, puissant, heureux. Mais il ne faut pas oublier que tout ça c’est par la volonté de Dieu, et que rien n’est acquis. Et si on oublie de L’invoquer pour Le remercier, Lui demander de toujours nous assister, eh bien, on peut tout perdre du jour au lendemain ! D’ailleurs dans la sourate 8 Al-Anfâl – Les prises de guerre, le verset 45 nous indique bien que l’invocation est bien une cause de succès :

« Ô vous qui croyez ! Lorsque vous êtes en face d’une armée ennemie, soyez fermes et invoquez sans cesse le Nom de votre Seigneur ! Votre succès est à ce prix. »

Tout comme Jonas qui serait resté jusqu’à sa mort dans le ventre de la baleine, sans ses invocations, comme l’indiquent ces autres versets, les versets 139 à 144, de la sourate 37 as-Sâffât – Les Rangs :

« Jonas avait lui aussi fait partie de Nos envoyés. Il s’était réfugié sur un vaisseau surchargé. On tira au sort et il fut parmi les rejetés à la mer,  où une baleine l’avala, car il avait encouru Notre colère ; et sans ses prières, il serait resté dans le ventre de la baleine jusqu’au Jour dernier. »

Et puis surtout Dieu nous dit dans le Coran : « Implorez-moi, Je vous exaucerai ! » (Sourate 40 Ghâfîr – Pardonneur, verset 60)

Conclusion

Premièrement, arrêtons de prendre les gens de haut et de vouloir montrer notre science à tout prix car « au-dessus de tout savant, il y a Celui dont la science n’a point de limite. » (sourate 12 Joseph – Yûsuf, verset 76).  Mettons-nous au bon niveau pour communiquer : en position basse. Deuxièmement, n’oublions pas que rien n’est acquis. Et profitons de chaque occasion pour remercier, ne serait-ce que d’être vivant et en bonne santé. Ça s’appelle la gratitude, qui attire à nous toujours plus, comme la loi d’attraction en développement personnel. Et demandons, Dieu nous exaucera, inch’Allah. Et nous aurons une vie heureuse, inch’Allah.   Marie-Odette Maryam Pinheiro

Auteure de « Je suis musulmane voilée et non je ne sais pas faire le couscous ! » et de « Coran & Développement Personnel – Regards croisés »      

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