Le CCIF et moi, c’est une longue histoire ! Une longue histoire d’amour. Pourtant je rêve du jour où il disparaîtra. Je vais te dire pourquoi. Mais avant ça, je vais te raconter comment notre histoire a commencé.
Avant, j’étais normale
En fait, avant, je menais une vie tout à fait normale. Je menais une vie tout à fait normale jusqu’à ce que je me voile. Là, tout à coup, même si je m’appelais toujours Marie-Odette, ma vie est devenue une vraie aventure… foularophobe.
Comme je le raconte dans mon livre « Je suis musulmane voilée et non je ne sais pas faire le couscous ! », j’ai notamment croisé dans mes aventures un orthodontiste qui a refusé d’ausculter mes enfants, si je ne retirais pas mon voile !
Dans mon livre, je raconte cette aventure et qu’elle s’est terminée chez l’Ordre des Médecins. Mais je ne raconte pas la procédure qui nous a menés jusque là.
Les gendarmes
En fait, lorsque « l’incident » est arrivé, je suis allée directement porter plainte auprès de la gendarmerie du village le plus proche du mien. Là, je fais face à deux gendarmes qui essaient de m’intimider et qui refusent de prendre ma plainte. Selon eux, le médecin était chez lui et il avait le droit d’y faire ce qu’il voulait. Toujours selon eux, s’il ne veut pas de patients avec des chaussures rouges, il a le droit de les refuser !!!
Alors, je ne sais pas s’ils allaient trop au cirque, seule distraction une ou deux fois dans l’année dans ce village bien gaulois, et donc s’ils avaient fait une overdose de chaussures rouges. En tout cas, pour eux, pas question d’aller faire le cirque chez les autres ! Et puis, il faut dire qu’ils devaient être bien plus préparés à régler des différends entre agriculteurs qu’entre une femme voilée et un médecin vu que j’étais la seule voilée à dix kilomètres à la ronde.
Moi aussi, c’était la première fois que j’étais confrontée à un médecin. Je repars donc bredouille, tout en me disant que ce n’est vraiment pas possible.
Le Défenseur des droits
Je rentre chez moi, je cherche sur Internet et je tombe sur le site du Défenseur des droits sur lequel je remplis un dossier expliquant mon cas. Je vois même qu’on peut appeler mais comme on est samedi, ben, je dois attendre lundi. Le week-end, c’est sacré ! Alors, la défense des droits, ça peut bien attendre deux jours !
Le lundi, j’appelle et on me dit que cela peut prendre jusqu’à trois mois pour avoir une réponse. Ah ben, faut pas être pressé au pays des Droits de l’Homme quand tes droits sont bafoués !
En cherchant encore, je vois qu’il y a une antenne dans le département, donc j’arrive à prendre rendez-vous. Mais c’est pas pour tout de suite ! Alors, on me conseille de porter plainte directement auprès du Procureur de la République, ce que je fais.
Le jour J, je me rends à mon rendez-vous à l’antenne du Défenseur des droits. Là, un monsieur me confirme que j’ai raison, qu’il s’agit bien de discrimination et que ce monsieur n’a même pas le droit de refuser des patients avec des chaussures rouges ! Non, mais, et puis quoi encore ?! Et qu’il va faire le nécessaire pour que mon dossier soit traité en urgence.
La réponse à ma plainte
Au bout de trois semaines, je reçois la réponse tant attendue du Procureur de la République. Ah ! Enfin je vais pouvoir faire valoir mes droits ! Ah, non, mais attends ! Qu’est-ce que je lis ? Attends, c’est quoi ce truc ? Je lis : « Affaire classée sans suite au motif que les faits incriminés ne sont pas punis par la loi » !!! What ???????
Là, je suis abasourdie ! Je recontacte donc monsieur le représentant des Défenseurs des droits par mail, qui me répond qu’il a quitté le Défenseur des droits ! En gros, débrouille-toi ! Je crois qu’il a fini par comprendre que les droits, dans ce pays, il n’y en a pas. Et que c’est peine perdue que de continuer à travailler pour une utopie ! Il a donc divorcé du Défenseur des droits.
Je suis désemparée ! Alors que j’ai été humiliée, que mes droits ont été bafoués, en plus devant mes enfants choqués, voilà que même les entités de mon pays me lâchent : les gendarmes, le Procureur de la République et le Défenseur des droits.
Le CCIF
C’est alors que je découvre le CCIF. Une juriste prend tout de suite en charge mon dossier, qu’elle gérera jusqu’au bout. Elle m’explique que le médecin est bien hors-la-loi et que vu la réponse du Procureur le seul recours est l’Ordre des médecins. Voilà comment je suis arrivée à enfin faire valoir mes droits.
Donc, le CCIF a été la seule entité dans mon pays, la France, à se préoccuper de mon dossier et à le gérer. Et je tiens à le dire, sans que je ne débourse un centime, et sans aucune contrepartie. On ne m’a jamais demandé de déposer des exemplaires du Coran dans le métro, on ne m’a jamais demandé de voter pour tel ou tel parti ou de faire de la propagande pour eux. Leur seule volonté est d’aider les citoyens de notre pays qui sont victimes d’islamophobie et qui sont laissés pour compte parce que musulmans. J’en suis la preuve vivante.
Alors, je soutiens le CCIF à 1000 % mais je rêve du jour où il disparaîtra. Ce sera le signe qu’enfin l’islamophobie sera considérée par notre État et condamnée. Mais ce n’est pas demain la veille ! Et vu comme c’est parti ce sera plutôt la porte grande ouverte à l’islamophobie décomplexée et impunie.
Ah oui, et mon dossier Internet auprès du Défenseur des droits ? Eh bien, cela doit faire sept ou huit ans que les faits ont eu lieu, je n’ai toujours pas de nouvelles ! Il est plus urgent de taper sur les musulmans que de les défendre !
Et toi, t’en penses quoi ?
Marie-Odette Maryam Pinheiro (#momp)
Auteure
« Éveiller les consciences
Et faire de nos différences
Une chance »
Titres :
« Je suis musulmane voilée et non je ne sais pas faire le couscous ! » #musulmanecouscous
et « Coran & Développement Personnel – Regards croisés« #corandevperso
Suis-moi aussi sur Instagram
@marieodettemaryam #momp
#StopIslamophobie #ccif #islam
SobhanAllah, quelle aventure.
Nous sommes dans un pays laïc, pourtant nos propres chefs d’état se font photographier avec des kippas sur la tête.
Y’a tellement de haine en ce moment, que j’invite chaque musulman(e)s à être assidue à la prière.
La justice n’est pas la même pour tous, que tu t’appelles Jean-pierre et que tu soit originaire du Cantal, où Mohamed qui vient du 93.
Qu’Allah nous facilite dans ces épreuves à venir.
Amine !
Eh oui, la loi n’est pas la même pour tout le monde même quand tu as un prénom dans le calendrier des saints mais que tu es voilée !
Merci pour ton commentaire !